Belgique, 15 juin 1958. Alors que le championnat du monde de Formule 1 célèbre sa 8e année, Maria Teresa de Filippis remporte la 10e place, devenant ainsi la première femme à se qualifier lors d’un Grand Prix de Formule 1. Il faudra attendre près de 30 ans avant qu’une autre pilote se retrouve sur la grille de départ. En 1975, Lella Lombardi, une autre italienne, râfle la 6e place au Grand Prix d’Espagne.
Surnommée « il pilotino » par ses pairs à cause de sa petite taille, di Filippis n’a que 22 ans lorsqu’elle s’assoit derrière le volant de sa Fiat topolino pour courir ce qui sera la première de nombreuses courses. Sur le parcours de Salerno-Cava dei Tirreni où elle sillonne les routes sinueuses de son Italie natale, elle se classe en 2e place, faisant ainsi un pied de nez à Antonio et Guiseppe, ses frères aînés. Ces derniers lui avait lancé le défi de faire une course, convaincus qu’elle ne pouvait conduire aussi vite qu’un homme.
Maserati 250F
Les victoires se succèdent et au Grand Prix de Naples en 1956, elle part en dernière position et se faufile pour terminer en seconde place. S’en suivra une invitation à courir en Formule 1. Elle fait ses débuts au circuit Spa-Francorchamps au volant de la Maserati 250F de Manuel Fangio, couronné champion l’année précédente. Celui qu’elle considère comme son grand frère, dénote sa témérité « tu vai troppo veloce per le tue possibilità della tua macchina* » et dénote le courage que possédait ce bout de femme contrairement à ses confrères.
L’unique préjudice à l’encontre de son statut de femme survint au GP de France en 1958 où le directeur de la course lui interdit de concourir, suite au décès la veille de la française Annie Bousquet au 12 heures de Reims. Doutant qu’une femme ait les capacités requises pour conduire un monoplace, il déclare que « le seul casque qu’une femme devrait porter est celui du coiffeur ».
Course contre la mort
Cette même année vit de Filippis sur les pistes de 4 GP. Bien qu’elle n’en termine qu’un seul, elle marqua l’histoire de la Formule 1 par son courage et sa détermination à une époque qu’elle qualifia à la fois de belle et cruelle. La mort de son ami et pilote Jean Behra, un de trop, sonne le glas de cette corsa contro la morte*. Elle abandonne sa carrière de pilote et se consacre à sa vie de famille. Mise à part quelques apparitions lors d’évènements en tant que membre du Club International des Pilotes de Formule 1 et du club Maserati, de Filippo vivra loin de la scène publique jusqu’à sa mort le 8 janvier 2018.
* Tu vas trop vite pour les limites de ta voiture.
* Course contre la mort