C’est en feuilletant un vieux livre déniché dans un croque-livre que j’ai découvert cette mythique voiture dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce jour. Un appel m’a suffi pour me mettre en contact avec Germain Cornet, passionné de voitures européennes et propriétaire d’un exemplaire de la MONTREAL. Du même coup, j’ai mis les pieds dans un nouvel univers, celui des alfistes, ces adeptes invétérés de la marque milanaise.
Fidèle ambassadeur d’Alfa Romeo, ce collectionneur de voitures en compte 16 de la marque à son actif. La Montréal arrive en 14ième position dans cette liste. Ce modèle, il en rêvait depuis longtemps. « C’est la nostalgie. Cette voiture est sortie quand j’avais 18 ans. À cet âge, c’était une voiture qui était hors d’atteinte pour moi comme une Ferrari ou Lamborghini à l’époque. C’est un rêve qui est toujours resté.»
Ce désir refait surface alors qu’il travaille sur un contrat aux États-Unis. Là, dans le stationnement, se trouve une MONTREAL rouge. Il n’en fallait pas plus pour réactiver son rêve de jeunesse. Il lui faudra 2 ans avant de mettre la main sur la perle rare. Prix abordable, condition acceptable mais surtout la voiture se devait d’être entièrement d’origine sans aucune modification quelconque. La chance lui sourit en 2005. C’est en Caroline du Nord qu’il déniche enfin SA MONTREAL 1971, l’un des 3925 exemplaires fabriqués de 1970 à 1977 (le nombre total de voitures produites varie d’une source à l’autre). Bien qu’elle porte le nom d’une Métropole américaine, la MONTREAL ne sera jamais vendue sur le continent, à cause de problèmes d’homologation.
MUSCLE CAR À L’ITALIENNE
Dessinée par Gandini, designer de la mythique Lamborghini Miura, la MONTREAL se décrit comme un muscle car à l’italienne « une voiture en robe de soirée mais avec moteur de course.» Raffinée et moins brut que son pendant américain, elle est dotée d’une « mécanique extrêmement sophistiquée pour l’époque. Son petit moteur V8 2,6l de 220cv doit être bien mis au point. Ça prend de bons mécaniciens spécialisés.» Mais ce savoir-faire disparaît. Les artisans qui le maîtrisent, mécaniciens, peintres, maîtres carrossiers qui travaillent le métal et la soudure à l’instar des ateliers italiens des années 50, se font de plus en plus rare. « Ma voiture ne serait pas sur la route aujourd’hui s’il n’y avait pas d’internet. Les pièces sont venues de partout sauf d’Italie, Angleterre, Nouvelle Zélande, Allemagne.» L’exemplaire de M. Cornet a nécessité 9 mois de restauration. Il voulait qu’elle soit parfaite!
Son acharnement fût récompensé en 2007. Invité par Alfa Romeo à présenter sa voiture à Meadowbrook, au Michigan, il obtient un score de 94,6 ainsi que la première place de sa catégorie lors du Concours d’Élégance. Première routière de la marque à être commercialisée avec un moteur de 8 cylindres, la MONTREAL est la précurseure de la 8C Competizione, mise à l’honneur lors de l’événement. Voiture concept dévoilée en 2003, inspirée de l’Alfa Romeo 6C 2500 Competizione 1948 qui remporte à 2 reprises la course des Mille Miglia, la 8C mise en marché en 2007 est produite à 500 exemplaires. Avec ce modèle, Alfa Romeo marque son retour sur le territoire américain.
EXPO 67
Unique manufacturier automobile à présenter un prototype lors de l’Exposition Universelle de Montréal en 1967, Alfa Romeo n’a que 9 mois pour développer un nouveau modèle. Pour illustrer le progrès de l’homme au cours du 20e siècle en matière d’ingénierie, la maison milanaise va créer une voiture de rêve adaptée à la conduite de tous les jours. Avec sa carrosserie signée Bertone assise sur un châssis de Giulia Sprint GT et dotée originalement d’un moteur 4 cylindres emprunté à la Giulia 1600TI, il en résulte une voiture à la ligne élancée, élégante et sportive. Un chef-d’œuvre signé Marcello Gandini alors âgé de 29 ans. Les 2 prototypes blanc perlé dont l’image se reflète à l’infini dans les miroirs du Pavillon de « L’Homme à l’Oeuvre », connaissent un tel engouement qu’Alfa Romeo décide par la suite de produire la voiture en série sous le nom de MONTREAL, en l’honneur de la ville québécoise qui l’a dévoilée au monde entier.